Premier épisode
2 | Renouer avec mes propres émois
Le récit de Julien
J'ai pressé Cyrille de nommer son désir, de le revendiquer pour s'assumer fièrement en homme inverti car nous ne devons pas nous écrouler devant le mépris que les connards nous crachent à la figure dans ce qu'il imaginent être la pire des insultes : ce mot « enculé » qui les effraie tant.
Je me souviens de ce petit morveux qui, alors qu'il était probablement encore puceau, assénait cette sentence définitive qu'il ne devait probablement faire que répéter :
- "Vous les pédés, vous êtes inférieurs parce que vous êtes pénétrés, comme les femmes."
C'est cette dernière remarque qui lui avait valu une volée de bois vert, précisément de la part de celles auprès de qui il pensait se valoriser et qui, en termes carnassiers choisis, avaient promis de lui arracher ce qu'il pensait être un sceptre de droit divin pour lui montrer combien elles se sentaient "inférieures" à lui.
"Ces furies, à peine si j'ose / Le dire, tellement c'est bas, / Leur auraient même coupé les choses / Par bonheur ils n'en avaient pas!* "
Cependant, il reste encore un aspect important dont Cyrille doit tenir compte, c'est l'Autre. Et ici, cet autre, c'est moi. Alors je bascule vers lui juste le nécessaire pour lui confier à l'oreille.
- "J'aime beaucoup faire l'amour avec toi, Cyrille. Tu es certes un joli garçon mais, surtout, tu deviens un délicieux partenaire, attentif, réactif et, bientôt créatif. Cependant, dis-moi ! Qu'aimerais-tu pouvoir me faire à ton tour?"
- "Je ..."
Il cherche ses mots, prudemment. Et je souris de cette hésitation en mon for intérieur. Mais sa main qui folâtre sur ma poitrine, enroulant mes poils autour de ses doigts ou effleurant mes mamelons me laisse entendre qu'en même temps, il poursuit sa quête de sensualité.
- "J'aime ce qu'on fait tout les deux, depuis le début, tout ce qu'on fait, comme on le fait ... »
- « Tsss ! »
Je l’ai abruptement coupé, lui dont, il y a une minute, je parvenais à obtenir qu’il confesse à voix haute son souhait que je l’encule. Il a baissé la tête et déglutit péniblement, puis, rassemblant son courage, il revient planter ses yeux dans les miens, de grands yeux écarquillés par l’énormité de la transgression.
- « Je ... »
De nouveau,son regard a plongé vers le bas, de nouveau sa salive paraît bien difficile à avaler mais il se racle la gorge et parvient à articuler.
- « Je vais te sucer … je ferai ce que tu voudras. »
Soudain, ses sourcils se froncent douloureusement et il poursuit d’une voix cassée.
- « Mais je voudrais que tu me baises encore, s’il te plaît, Julien ! »
Adorable !
Il me fait fondre ce jeune homme timoré, lui capable de regarder du porno hard en douce sur internet, de crier de plaisir à tue-tête quand je le fourre, de me palucher sans retenue, mais voilà qu’il rougit encore à réclamer que je le prenne. J’embrasse fugitivement sa joue et lui glisse à l’oreille.
- « Sais-tu comme tu me fais bander, toi ! Et combien j’aime planter ma queue entre tes jolies fesses pour t’écouter soupirer. Pas besoin de m’en prier, c’est un vrai plaisir. »
Voilà qu’il se redresse et retrouve sa contenance et sa voix assurée de jeune loup bien élevé.
- « Pour moi aussi, c’est un plaisir de poursuivre avec toi ce chemin sur lequel tu m'as permis de m'aventurer, où tu m'as guidé en veillant à ma sécurité mais aussi, par tes exigences, en aiguisant ma clairvoyance. Ainsi, avec toi, je n'imagine rien d'autre ... Pourtant ... »
Il hésite, se balance, reprend.
- « Je sais que je voudrais aussi être actif. Accepterais-tu, là encore, de m’accompagner et de m'emmener ... au sauna, s'il te plaît?"
J'ai opiné du chef, silencieusement. Moi non plus, je n'imagine pas avec lui d'autre rôles que ceux que nous avons spontanément adoptés. Cyrille m'a sauté au cou pour se faire dépuceler, c'est ainsi que je l'ai constitué en objet de désir dont je suis d'ailleurs loin d'avoir épuisé tous les charmes qui se révèlent un peu plus chaque fois. Pourtant, j'ai gardé une distance qui, pour être bienveillante, n'en est pas moins surplombante, comme du maître à l’élève. Comme si je me sentais responsable de lui également. Le fossé des générations ?
Alors je ne saurais m'abandonner totalement à lui. Une limite. Je ne m'en sens ni renforcé ni affaibli, c'est simplement une prudence qui me préserve*.
Car si je ferme les yeux quelques secondes pour appeler une autre répartition, elle me semble incongrue. Alors je décide de laisser ces questionnements en suspens pour revenir à nos désirs car sa main qui court, légère, sur ma peau n'a cessé d'entretenir le feu qui couve.
- "Et si tu ouvrais la partie en me faisant bénéficier d'un de tes talents, au choix, Cyrille?"
Il s'est dérobé, d'un coup.
Échappant à mes mains, à mon bras qui l'enveloppait, il s'est évanoui, effondré, sa main s'emparant de mon sabre que ses lèvres, sa langue, sa bouche ont enveloppé, englouti et étroitement gainé d'une si fulgurante volupté que j'en suis soulevé ... puis ma poitrine s'affaisse brusquement dans un râle.
Et il poursuit, sa paume pressant mes couilles et lui, concentré, appliqué à me dispenser ses plus enivrantes caresses à quoi je m'abandonne en pacha jouisseur, des étoiles sous les paupières.
Mais bientôt, je le renverse sans égards pour m'allonger, le dos sur le canapé, la nuque relevée par l'accoudoir. Je l'ai saisi à poignes impérieuses pour le placer à califourchon sur mon torse, ses pieds en extension coincées sous mes épaules et ses belles fesses tournées vers moi. Ma main gauche les caresse puis remonte creuser ses reins, la droite s'infiltre entre ses cuisses et cueille ses bourses que je ramène à moi et je vois alors sa jolie croupe de jeune homme se fendre comme la peau lisse, bronzée et rougissante d'une grenade qui révèle complaisamment d'autres teintes plus charnelles voir sanguines, un grain de peau, des moiteurs, un fumet intime et l'entrée froncée et palpitante de son antre aux plaisirs.
Je suis envahi par une pulsion hormonale si aveuglante que j'en perdrais pied. Je rassemble ma salive d'un raclement de gorge et je l'expédie d'un crachat dans sa raie, l'écrasant aussitôt de ma langue charnue, véloce, empressée. Il a reculé encore dans un petit cri, s'offrant à ma boulimie concupiscente. Ma barbe crisse sur sa peau tandis que ma large langue lape, s’aiguise en pointe pour le creuser, mes lèvres aspirent et dévorent ...
Mon pouce s'écrase dans sa raie et, par de brèves impulsions mécaniquement répétées, j'en bascule l’extrémité qui vient presser son anus détendu puis, d'un coup, je le plonge en lui qui gémit. Ma langue vient encore mouiller son anneau pour que mon doigt joue souplement et poursuive son œuvre de suffocation. Je triomphe d'entendre son souffle haché, de le voir tendre sa croupe en chaleur pour venir chercher son plaisir. Ma main pèse sur son rein pour le maintenir, je retire mon pouce, vient tremper mes doigts de salive et le troue de l'index et du majeur réunis qui dansent maintenant leur joyeuse sarabande.
Soudain, je le libère, le houspille, le renverse. On se redresse. Il me regarde avec des yeux vitreux, bouche entrouverte, vacille sur ses jambes et s'assoit lourdement. Il s'empare de ma queue lourde et l'engloutit jusqu'au réflexe de renvoi, provoquant une salivation d'abondance.
Puis il se retourne, prenant appui d'une main devant lui, nuque cassée. Brandissant mon sabre d'une main ferme, je vise. Mon gland se niche facilement dans cet œillet épanoui et je frétille de lubricité en veillant à ce qu'il reste pointé. Mon autre main se pose sur son dos et je perçois ses efforts pour s'empaler à reculons, s'ouvrant sur mon éperon qu'il grignote avec détermination. Je bascule à peine mon poids vers l'avant et j'attends. Puisqu'il me veut.
Il ventile puissamment. J'écarte ses lobes tour à tour pour qu'il m'accueille plus profondément et mes mains encadrent sa posture, le guident. Je fléchis légèrement sur mes cuisses, relève son torse pour que ses épaules vienne se coller à mon dos et, d'un vif mouvement de bassin vers l'avant, je lui porte l'estocade.
Il a légèrement soulevé ses talons du sol et repose fiché sur moi. Sa tête est renversée à mon épaule, mes grosses mains parcourent son torse, glissent sur ses hanches et je lui souffle à l'oreille.
- "Branle-toi! Lance ton foutre, je veux te voir et aussi t'entendre jouir."
Il s'astique frénétiquement en haletant et en ondulant du bassin. Son boyau se contracte autour de mon barreau qui est délicieusement emprisonné et mis aux fers.
Il saura bien s'en délivrer le moment venu.
Un cri de souris, un sursaut, il a lancé son premier panache, visage crispé, suivi d'autres moins violents. Puis il se détend soudainement, se casse et s'enfonce sur ma grosse queue dans un hoquet. Je le caresse pour le réconforter, le ramener à lui, jouant de ses petits mamelons souples.
- "Joli jeune homme au cul profond, et si tu partageais ce nectar?"
En le retenant de mes deux mains à ses hanches, je me suis dégagé d'un vif recul du bassin et il se penche pour cueillir les traces d’une salve avec son doigt qu'il suce puis revient vers moi qui l'embrasse à pleine bouche en l'enveloppant de mes bras.
A l'accompagner sur ce "chemin" comme il a dit, il me permet de renouer avec mes propres émois émerveillés quand j'ai découvert ces extases auxquelles je le vois s'abandonner avec une telle confiance que je suis secrètement flatté d'avoir su la gagner.
Pour mon plus grand plaisir également. Car je le devine désormais riche d'assez de ressources pour m'en dispenser d'aussi puissantes.
J'ai détrempé mon pouce et lui l'ai fiché en l'entraînant dans la chambre. Il est agréablement alangui et se coule, s'enroule souplement autour de moi, levant son visage pour quémander des baisers. Je lui en dispense de petits, rapidement piqués, pour entretenir son appétit qui me réjouit.
"J'ai pensé venir te tenir compagnie ..." m'a-t-il dit! Alors je crois que je vais profiter encore un peu des attentions qu'il me porte si généreusement.
Amical72
amical072@gmail.com
* La congruence est l'alignement et la cohérence entre nos pensées, nos ressentis, nos paroles et nos actions. Pour Carl Rogers, être congruent signifie que l'on arrive à faire coïncider la conscience que l'on a de soi-même avec la réalité de notre expérience vécue, à laquelle on est confronté. C’est montrer un alignement cohérent entre ce que nous ressentons et les actions que nous menons, les idées que nous avons et les paroles que nous prononçons sans se trahir, ni s’obliger au-delà de nos limites, ni s’empêcher.
* Devant un public qui applaudit à tout rompre à chacune de ses outrances, notre grand Georges interprèteHécatombe au marché de Brive la Gaillarde
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